Oskar, mon cher ami, te voici Conseiller !
Malgré les quolibets, non ceux de l’oreiller,
En dépit des assauts, de toutes ces huées
Tu n’as jamais failli. Contre vents et marées,
Tu t’es battu, serein, sans croire au lendemain,
Car bûcher le présent, c’est ton pain quotidien.
Hier c’était l’invective, voici qu’on te courtise.
Aurais-tu un secret qui a tu ces sottises ?
Laisse-moi le conter, ce sera ma caution,
Puisqu’on doit tout savoir de ton abnégation.
Le peuple t’a choisi ! Toi, simple philosophe,
Ou amateur poète, et même catastrophe,
Selon tes détracteurs. Alors pourquoi ce choix ?
Derrière le poète et ses multiples voix,
Se cache un homme intègre, un homme de la terre
Qui n’a jamais cessé en élevant ses verres
De trinquer pour l’humain, de louer son terroir
Et ton côté obscur sera mon défouloir.
Oui, tu as grande gueule et c’est un avantage,
Sinon nul n’entendrait ton succulent ramage.
Tu es un virulent, c’est bien heureusement
Car il faut réveiller ceux qui dorment au vent.
Tu as un catogan, puisque le temps te manque !
Tu vois un petit geste, un autre une palanque.
En visant l’essentiel tu ne perds pas de temps
A lisser tes cheveux, tu préfères l’instant
Qui permet à tes pas de figer leur assise,
C’est ainsi que les tiens affirment leur franchise.
Et puis tu es poète, on y voit un souci,
Un frein à cette tâche. Oublie ces gazouillis
D’ignorants de la vie. Au poète la force
De révéler aux siens leurs funestes amorces
Lui connaît la ferveur de vivre une passion
D’épuiser la pléthore obstacle à la raison
Pour trouver le seul mot qui fléchira l’entente
Ainsi qu’on cueille un jour le fruit de toute attente.
Devons-nous avoir peur de toi cher trublion ?
La peur ne saisit que ce qui fait illusion.
A toutes tes leçons tu es resté fidèle,
A de nombreux égards, tu es même un modèle.
Tu es beaucoup trop vrai pour te jouer de nous,
Et puisque tu as tant oeuvré pour ces remous,
Il est à parier qu’au-delà de leurs craintes,
Tu combles nos désirs en tarissant leurs plaintes.
Ta brillante élection me remplit d’un regret,
Tu n’es plus Oskar mais, Monsieur le Conseiller.
Désormais les honneurs accompagnent ta charge
Et c’est en appareil que tu prendras le large.
La voix de tout un peuple anime ton élan,
Une foule nombreuse escortera tes flancs.
Je sais qu’au fond de toi, tu resteras le même.
La période à venir ressemble à un baptême,
Et la tâche à abattre emplit déjà tes sangs
Tu as prouvé tes voeux en rentrant dans le rang.
Mes honneurs seraient vains, sans mentionner ta femme.
Puisque ta tendre épouse a maintenu la flamme.
Il n’est pas évident d’endurer les regards,
Les propos malveillants, les piques d’un criard,
Tu l’as fait sans broncher car tu savais la cause,
Même les puissants rocs ont quelques ecchymoses.
Là, tu peux respirer, la page s’est tournée,
Et ton livre de vie ouvre une autre journée.
Il me reste à conclure et je n’ai plus de mots,
Comme Proust je les puise auprès du populo.
Sans son aide, jamais, il n’y aurait eu ce vote
Il t’a plébiscité car tu es sa marotte.
Le peuple est souverain, ne l’oublions jamais
Et pour le souligner, je m’en vais vous conter
Ces mots qu’on ne dit plus, et pourtant symboliques :
Vive notre Valais, vive la République.
Election d’Oskar Freysinger au Conseil d’Etat Valaisan, 17 mars 2013