Renaissance

Quels souvenirs odieux que ceux de mon enfance !

Jamais ma vie ne fit si basse révérence.

Le monde m’affligeait par ses coups éclatants

D’une lourde sanction, d’un regard insolent.

Je portais en mon cœur une souffrance amère,

Mais toujours j’espérais une amitié sincère.

Ma chère solitude ! Avec toi j’ai chassé,

Au rythme de tes pas je me sentais bercé.

Tu comblais les désirs que mes sens recherchaient,

Mais ne pouvait panser mes plaies qui saignaient.

Vingt années durant, je m’éloignais des gens,

Je me maîtrisais, seul, je guidais mon élan.

Dans mon isolement, je chantais l’Enéide,

Poursuivant les héros d’une fougue intrépide.

Je souffrais dans mon coin d’un manque de plaisir,

Doucement dans mon sein je me sentais mourir.

Oui, j’implorai la mort ! Au bord du précipice

Je dépérissais, seul, miné par le supplice.

Puis, du fond de mon âme un appel retentit.

Tout d’abord indistinct, il se changea en cri.