A une mère

Les mots suffiront-ils à peindre son tableau ?

La douceur de l’amour vaut bien plus qu’un joyau.

Être mère est un art, tout art suit une vie.

Un jour, à son insu, elle se sent ravie.

Le miracle grossit au dedans de son for,

D’abord imperceptible, elle sent son trésor.

Pas besoin d’apparence à celle qui féconde,

Un bruissement suffit pour qu’elle se confonde.

Et la vie est en route à courir son destin

Car une mère est née au sortir d’un matin,

Sans doute libertin. Alors, durant neuf lunes,

Elle s’enrichira en parant sa fortune.

 

Puis vient la délivrance apaiser ses tourments,

Un fragment de sa chair accomplit son serment.

L’enfant est arrivé, avec lui son génie,

La mère s’improvise et se montre infinie.

Dès le début elle a une réponse à tout,

C’est peut-être l’instinct mais elle touche à tout.

Rien ne peut l’arrêter pour élever sa joie

Et le don de l’amour est un enfant qu’on choie.

 

Mais souvent une mère a sa place en retrait,

C’est de l’effacement. Oui, son rôle est parfait,

Corps et âme, elle s’offre à sa progéniture

Qu’on ne l’aperçoit plus, hormis sa signature.

On la laisse tomber, sans l’oublier vraiment

Car elle est toujours là à jouer les mamans.

Or elle attend son dû, qu’on lui dise je t’aime

Ou simplement merci, mais ces mots font problème,

Car ils ne sortent pas. Puis, nous voyant heureux,

Elle oublie qu’on l’oublie et d’un geste harmonieux

S’en retourne au silence. Elle est sereine et triste

Car elle est solitaire et pourtant si altruiste.

 

On ne saisit plus rien quand tout va de travers,

La vie dans son malheur a aussi ses revers.

Pour comprendre une mère, il nous faut une absence,

Alors nous vient son manque et nous fuit sa présence.