Qui n’a jamais pensé mettre fin à ses jours,
Tôt ou tard vient le doute affaiblir ce séjour.
On ne sait pas vraiment qu’elle est son origine.
Une accumulation de digestions sanguines,
Qui peu à peu nous livre à un terrible excès,
Ou l’élan isolé qui ferme tout accès ?
On ne saura jamais : l’acte ôte les réponses
Laissant derrière lui des échos sans semonce.
Mais quoi qu’il en soit l’un a rompu les saisons,
La vie a ses raisons, ne peut avoir raison.
On se doit de lutter, la fin n’est qu’un passage
Livrant une autre suite et un nouveau sevrage
Auquel nous faisons face en dépit des efforts.
Voilà le maître mot et son lot de transports.
Sans effort il n’y a rien, lui seul rend la vie dense,
Il excite et attise au point le plus intense
Où plus rien n’a de prix car l’instant est vivant.
Contrairement aux us la vie n’est pas l’auvent
Qui abrite nos peurs. Elle est comme un atlante
Où armé d’un bâton nous gravissons la pente.
Qui s’arrête un instant, redescend aussitôt,
Alors qu’un téméraire avance sans accroc.
L’abandon est facile en lorgnant de cet angle
Mais vivre ou végéter, qu’est-ce qui nous étrangle ?
L’un nous donne du rythme et répond aux questions,
L’autre en donnant du temps tarit nos décisions.
Et mettre un pied à terre écarte les faiblesses,
On reprend souffle et goût, on soigne sa jeunesse.
Un sursaut de fraîcheur nous rapproche du but
Et permet d’observer dans tous les azimuts.
Puisque la vie est don, il n’y a rien à lui prendre,
Moins encore à lui rendre, il y a tout à défendre.
Même au point le plus bas luit aussi le soleil
Et poursuivre sa course est l’unique conseil.
Dans la facilité, quand manque le courage,
Au lieu de tout fermer, il faut tourner la page.
On reste sur sa faim quand le goût est rompu,
On se ment à soi-même en n’ayant tout vécu.
Il est vrai que mentir est parfois délectable,
Mais s’avouer vaincu n’est jamais préférable.
Dans un combat, lutter peut livrer un succès,
Or celui qui s’enlise, n’aura que le décès.
Eternelle est la lutte et surtout délicieuse
Charriant avec elle une escorte précieuse.
Et pourquoi s’obstiner quand tout semble perdu ?
Pour tous ces petits riens, ces jours inattendus
Où la vie se révèle aux yeux des plus sceptiques
Et raffermit ce lien parfois si cosmétique.