Extrait 1

Vivre ! ce mot est tout, je n’aspire à rien d’autre.

Mais vivre n’est qu’ébauche, amputé du mot nôtre.

Ma vie, et ta vie, oui ! si je peux dire ainsi,

Cela aurait un sens, n’étant plus un croquis.

La couleur de ton être a comblé mon esquisse,

Ajoutant à l’amour le reflet des prémices.

 

Vivre ! comme un doux air agitant mon émoi,

J’aimerais que ce mot résonne au fond de toi.

Si mon souffle pouvait se muer en parole

Tu entendrais l’écho de ma plus simple obole.

Mais l’amour n’a de voix quand il touche au plus pur,

Il émet ses passions même au travers des murs.

 

Vivre ! et sentir la vie ensemble sur la route

Car, seul, je ne suis rien et me confronte au doute.

Tu m’appartiens autant que moi je t’appartiens

Et dans ce libre don mon cœur devient le tien.

L’amour est liberté mais aucun ne l’exerce,

Car c’est la liberté que nos cœurs unis bercent.

 

Tu m’as donné la main sans savoir qui j’étais,

Donnant forme au néant qui cependant se tait.

Je marchais seul, triste, aigre, au fil de mes errances,

Tout m’échappait alors, je sombrais d’impuissance.

Dans cet effleurement d’une peau sur ma peau,

L’univers s’est ouvert dans le creux d’un joyau.

Au contact de ta paume, un éveil a pris forme,

Corps et réalité; une surprise énorme !

Comme l’eau désirée aux confins du désert,

Je ne t’attendais plus, mon cœur avait souffert

Et subi sur la route un tourment impensable,

Le danger si fréquent de l’ascète incapable :

Succomber au désir vivement repoussé,

Tomber du piédestal qu’il avait caressé.

Ta main a ravivé une âme à peine éteinte

Désireuse d’atteindre l’infini de l’étreinte.